Le digital occasionne un véritable bouleversement dans les organisations de l’élevage, que ce soit dans la pratique quotidienne ou dans la relation avec les éleveurs. Riche en contenu, la journée Agri Défis Numérique du 26 avril 2017 à l’initiative de la CRAGE, a tenu ses promesses grâce à des intervenants d’expérience pour enrichir les débats et surtout grâce à une participation importante des acteurs agricoles, des éleveurs, des élus, ainsi que des dirigeants du secteur privé.
Ouverte par le vice-Président de la Chambre d’Agriculture du Grand Est, Laurent Wendlinger, cette journée a démarré tambour battant avec Jérémie Wainstain, président et Cofondateur de la Start Up The Green Data. En effet, il n’a pas fallu longtemps à l’intéressé pour nous faire comprendre que la rupture avec ce que nous connaissons aujourd’hui est telle que ce qu’ont pu connaître nos aïeux avec l’arrivée de l’électricité il y a 200 ans. L’évolution des nouvelles technologies et les enjeux majeurs du Big Data ne pourront pas se faire sans une adaptation des Métiers du monde agricole. A ce titre, la réussite du numérique passe par le partage des données techniques et économiques entre nos différentes organisations sur un langage commun pour les fiabiliser, les sécuriser et les rendre utilisables de manière simple par l’éleveur et ses conseillers.
Vincent Bochu, accompagne notamment l’émergence d’innovations en matière de production d’agroressources en mettant à disposition de la région une plateforme, la Ferme 112, qui s’appuie sur l’aménagement d’une zone économique dédiée à l’accueil d’entreprises autour d’une ferme pilote. En décloisonnant les ressources et en collaborant avec des acteurs agricoles, l’association Agro Ressources et Bio économie pour Demain (ARBD) qui pilote ce projet souhaite faciliter le transfert de connaissance et d’innovation vers les agriculteurs.
En complémentarité des structures existantes que sont les ARSOEs, Yann Lecointre, Directeur d’Evolution (1ere coopérative française et européenne dans les métiers de la génétique animale) a présenté Innoval. Ce projet politique en amont de l’élevage fédéré par Bretagne Conseil Elevage Ouest, Evolution et GDS Bretagne, a pour but de proposer de nouveaux services alliant génétique, reproduction, collecte de données conseil en élevage et sanitaire pour permettre aux éleveurs de tenir leur place dans la compétition mondiale par des services numériques à valeur ajoutée. Son intervention, dynamique et réaliste marquée par un discours soulevant la nécessaire cohésion politique d’un tel projet, a notamment permis à l’assemblée de soulever quelques questionnements sur la consolidation d’une telle structure et notamment la façon de s’y prendre dans le Grand Est pour rassembler des organismes pas toujours enclins au regroupement. Si des adaptations technico-économiques doivent être mises en place, qui aura la maîtrise de toutes ces données ?
Cette vision des acteurs de l’élevage s’est finalisée par l’intervention de Michel Pivard Président du réseau national des ARSOE et des 2 Directeurs de ces centres informatiques présents sur le Grand Est, ESTEL et Synergie Est. En mettant en avant la notion de croisement des données par le biais de passerelles WebService, Michel Pivard a permis à Sébastien Pinet (Directeur Synergie Est) et Michel Paolillo (Directeur ESTEL) de démontrer par des interventions concrètes et des démonstrations en direct toute l’importance et la nécessité de l’échange et du croisement des données dans l’intérêt de l’éleveurs, des organismes d’élevage.
Les interventions se sont clôturées autour d’une table ronde animée par Juliette Leclaire (chargée de mission FIEA) qui mettait en scène l’ensemble des acteurs de la filière élevage, de l’éleveur, au conseiller en passant par les présidents d’organismes (Bruno Faucheron et Damien Tiha). Il était important pour Anne Marie Vieu, Directrice de la CRAGE et coordinatrice de l’événement, de ne pas oublier les principaux intéressés dans ce débat, les éleveurs qui doivent rester maître de leur donnée.
Les perspectives et les enjeux pour l’élevage du Grand Est sont donc grands mais elles ne doivent pas tourner à l’obsession. Si les acteurs sont persuadés du potentiel de valorisation des données d’élevage, c’est en innovant et en collaborant qu’ils pourront avancer au risque d’être spectateur du hold-up du capital des données qui pourrait être engloutis par les des multinationales comme Google Farms.